En tant qu’architecte et Responsable Développement et Gestion des projets de construction chez Profond Fondation de placement, pour Luca Zuliani, le thème de la durabilité est étroitement lié à la construction durable et revêt donc différents aspects. Un immeuble doit répondre à plusieurs besoins pendant de nombreuses années. Des besoins en matière d’économie et d’urbanisme, mais aussi des besoins du point de vue des personnes qui vivent dedans. Lors de l’entretien, Luca Zuliani nous révèle ce qu’il faut pour qu’un immeuble remplisse toutes les exigences et que sa longévité, qui est un aspect important de sa durabilité, soit assurée.

Comment se présente votre mission de Responsable Développement et Gestion des projets de construction chez Profond ?
Je suis responsable des prestations opérationnelles dans la gestion des projets de construction et je m’occupe en collaboration avec Elena Jakob des dimensions d’architecture et de technique du bâtiment de tout ce qui est construit, rénové ou développé pour le compte de la fondation de placement. Dans le cadre des différents projets de construction, nous collaborons avec différents architectes, ingénieurs, entreprises de construction et fiduciaires. Nous représentons Profond Fondation de placement et dirigeons en tant que maître d’ouvrage les projets, actuellement une vingtaine dans différentes phases.

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Quels projets préférez-vous et qu’est-ce qui fait leur charme à vos yeux ?
En tant qu’architecte, je préfère les nouvelles constructions. En effet, j’ai de plus nombreuses possibilités d’influence dans ce cadre pour développer un projet durable. La durabilité signifie pour nous que le bien est résistant et rentable. En tant que caisse de pension, nos biens immobiliers doivent générer des revenus locatifs à long terme. On peut y parvenir grâce à une architecture de bonne qualité et durable. Un bâtiment neuf est toujours facile à louer au début. Cependant, pour que le logement reste attrayant même au bout de plusieurs années, il faut qu’il ait un bon plan, qu’il soit lumineux et bénéficie de matériaux de bonne qualité. En principe, tout projet de construction est conçu à long terme et nous veillons donc à l’équilibre entre rentabilité, durabilité et longévité.

En tant que caisse de pension qui conserve ses biens immobiliers en portefeuille, nous construisons toujours avec un horizon à long terme de 30 à 40 ans.

Que signifie la longévité d’un bien immobilier ? Et comment procédez-vous pour la garantir ? 
En tant que caisse de pension qui conserve ses biens immobiliers en portefeuille, nous construisons toujours avec un horizon à long terme de 30 à 40 ans. Aucune rénovation de grande ampleur ne devrait être nécessaire avant. Pour que cette longévité soit assurée, les matériaux, l’emplacement ainsi que l’architecture doivent correspondre à des normes de qualité élevées. C’est pourquoi dans les développements de nouveaux bâtiments, nous travaillons souvent avec des concours d’études : nous adressons une demande d’étude préliminaire à trois ou quatre cabinets d’architectes et nous évaluons le résultat en collaboration avec des jurés spécialisés. Nous poursuivons ensuite le projet qui est le plus convaincant sur les plans architectural, urbanistique et financier.

L’emplacement est ce qui influe le plus sur la longévité et la valeur d’un bien immobilier. Si la localisation est bonne, la valeur du bien immobilier est élevée, ce qui accroît à son tour les attentes vis-à-vis du logement. Un meilleur standard est attendu d’un appartement en ville dont le loyer est trois fois plus élevé et qui perdurera bien plus longtemps grâce à sa bonne situation que ce qu’on attend d’un logement dans une petite localité à la campagne. Un bien immobilier durable exige donc un bon emplacement, une architecture précise, des matériaux de qualité et des normes de construction élevées.

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L’évolution démographique de la société a-t-elle un impact sur l’activité de construction ? De nouveaux types de logements sont-ils demandés par le segment des séniors en croissance constante ?
Une offre croissante de types de logements différents apparaît pour les séniors. En collaboration avec Belano, un opérateur spécialisé, nous réalisons justement trois projets à Uzwil, Wohlen et Unterengstringen pour l’habitat des séniors et l’habitat intergénérationnel. Les complexes résidentiels comptent une réception ouverte du lundi au vendredi de 9 heures à 11 heures. Elle permet de réserver des prestations de service, comme des repas, le nettoyage textile ou l’entretien de l’appartement pendant les vacances. Tous les logements sont accessibles, les complexes résidentiels disposent en outre d’une salle de sport, d’un atelier et d’une cafétéria dans laquelle les personnes peuvent se retrouver. Pour les séniors, ce type de logement est une solution intermédiaire entre le logement autonome et la maison de retraite. Des personnes plus jeunes louent un appartement de ce type parce que les services leur plaisent : le centre de sport se trouve à la maison et la réception reçoit les colis pour eux.

Au cours des dix à quinze prochaines années, les immeubles deviendront plus numériques, plus efficaces et plus connectés.

Outre l’évolution démographique de notre société, la durabilité est également un sujet important à l'heure actuelle. Profond s’est fixé pour objectif de parvenir à la neutralité carbone dans les placements immobiliers détenus directement d’ici 2050. Avec quelles mesures mettez-vous cet objectif en application ?  
Pour tous les bâtiments existants, nous avons évalué les émissions de CO2 et défini un sentier de réduction afin de parvenir à l’objectif « zéro net » d’ici 2050. Lors des prochaines rénovations, nous réduirons donc les émissions de CO2 au minimum possible. Pour les nouveaux bâtiments, nous commençons déjà par la structure foncière de l’immeuble et nous essayons de bâtir de manière aussi neutre en CO2 que possible. Nous évaluons par exemple si une construction en bois est possible, car le bois est neutre en carbone. Récemment, nous avons déposé une demande de permis de construire pour un bâtiment hybride dans lequel des parois avec des matériaux isolants en bois remplacent les murs extérieurs en brique et en béton, car c'est précisément le bilan carbone du béton qui est mauvais. Par ailleurs, nous construisons selon les normes Minergie avec une aération contrôlée, misons sur des vitrages et une isolation de bonne qualité et lorsque c’est possible, nous montons une installation photovoltaïque. Nous installons une pompe à chaleur en fonction des possibilités. Lorsque c’est impossible, nous installons une chaudière à pellets ou raccordons l’immeuble à un réseau de chauffage urbain. Souvent, ces réseaux sont alimentés par des incinérateurs de déchets ménagers et leur bilan carbone est très bon. Dans le cadre des rénovations, nous sommes un peu plus limités, car le bâtiment existe déjà, mais nous pouvons changer la façade, les fenêtres ou le chauffage. Parfois, nous remplaçons aussi le chauffage d’un immeuble qui n’est pas encore rénové. Dans le cas d’un complexe résidentiel de dix-huit immeubles, nous le ferons bientôt avec un raccordement au réseau de chauffage urbain. Rien qu’avec cette mesure, nous pouvons économiser des tonnes de CO2. Avec la somme de toutes les mesures énumérées, nous diminuons les émissions de CO2 et avançons vers notre objectif climatique.

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Selon vous, comment le secteur de l'immobilier et votre travail vont-ils évoluer au cours des dix à quinze prochaines années ?
Je pense que tout deviendra encore un peu plus technique et complexe. Au cours des dix à quinze prochaines années, les immeubles deviendront plus numériques, plus efficaces et plus connectés. L’évolution des éclairages est un exemple simple de ce phénomène : on peut aujourd’hui allumer et éteindre les lumières à partir d’un téléphone portable et rien qu’en utilisant des éclairages modernes dans un immeuble, on peut économiser énormément d’énergie. Aujourd’hui, on promeut des chauffages et ventilations innovants et connectés et la planification est également de plus en plus numérique. Par le passé, je dessinais encore à la main, ensuite la CAO (conception assistée par ordinateur) est arrivée, et aujourd’hui on parle de modélisation des informations du bâtiment (Building Information Modelling, BIM). La méthode BIM est une méthode numérique de gestion de projet de construction. Des informations sur un projet de construction tout au long de son cycle de vie sont créées et gérées sur une plateforme numérique. De la planification à l’exploitation en passant par la construction, tous les responsables ont accès et peuvent consulter les informations pertinentes. La méthode BIM en est actuellement encore à ses balbutiements. A l’avenir, des systèmes de surveillance automatisés pourront toutefois identifier quand une centrale de détartrage manquera de sel ou lorsqu’une chaudière tombera en panne et le signaler directement au fournisseur ou au technicien.

Luca Zuliani

Luca Zuliani Portrait

Luca Zuliani est architecte, et depuis 2016, année de sa création, il travaille chez Profond Fondation de placement comme Responsable Développement et Gestion des projets de construction. Il dispose de plusieurs années d’expérience dans la gestion de projets dans le secteur du bâtiment et dans les projets de construction de caisses de pension.

www.profond.ch/anlagen/anlagestiftung

 

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