Par quels points de contact numériques un patient admis dans votre service passe-t-il ?
Au moment de l’admission, on enregistre l’ensemble des données personnelles dans le système. Ensuite, le personnel soignant se charge d’orienter le patient vers le service spécialisé (médecine générale, chirurgie, gynécologie) et de déterminer le degré d’urgence de sa prise en charge grâce à un premier diagnostic rapide. A cette occasion, différentes informations sont relevées, telles que pression sanguine, pouls ou température (paramètres vitaux). Ces informations sont enregistrées dans le SIH et affichées dans le tableau de bord, suite à quoi le médecin responsable en est informé. Celui-ci a ainsi immédiatement accès à l’ensemble des données et documents requis. Alors qu’autrefois, il nous fallait souvent rechercher pendant des heures dans les archives un ancien rapport ou une ancienne radio, on y a désormais accès en quelques clics, de n’importe quel poste de travail de l’hôpital.
Le SIH est notamment utilisé pour enregistrer les observations et résultats, pour établir des prescriptions en cas d’hospitalisation, pour annoncer les opérations et pour saisir les rapports, prescriptions et certificats d’arrêt de travail.
Les avantages de la numérisation des processus – notamment lorsque les minutes sont comptées – sont indéniables. Quels difficultés et obstacles avez-vous dû surmonter en chemin ?
Pour numériser un processus, il est dans un premier temps nécessaire de procéder à son analyse minutieuse et, le cas échéant, de l’adapter. Ensuite seulement, le service informatique prend la relève sur la base des exigences spécifiées. Au niveau des interfaces, la compatibilité des applications utilisées dans les différents services – laboratoire et radiologie par exemple – a constitué un réel défi à relever. La numérisation apporte une aide indéniable dans la gestion des tâches quotidiennes, mais également une surcharge administrative ; il nous faut donc trouver un juste équilibre.
La question de la protection des données joue un grand rôle lors du passage au numérique, en particulier dans un secteur aussi sensible que la santé. Comment abordez-vous cette problématique ?
Toutes les données relatives à la santé d’une personne sont considérées comme données personnelles à caractère sensible. En milieu hospitalier, outre la protection des données en tant que telle, se posent également les questions du secret médical, du droit d’accès au dossier médical ou de l’information des proches. Notre responsable interne de la protection des données s’appuie sur les exigences fédérales et cantonales en matière de protection des données pour élaborer des directives destinées à nos salarié-e-s. Ces directives font l’objet d’une formation et sont disponibles dans notre bibliothèque de documents numérique. A l’hôpital de Muri, nous avons été particulièrement bien préparés au « dossier électronique du patient (DEP) ».
Au niveau du diagnostic médical et de la thérapie, quels sont les bénéfices tangibles de la numérisation ?
L’amélioration de la qualité des images radiologiques constitue certainement un progrès pour le diagnostic médical. Il est par exemple possible de retravailler le contraste des images radiologiques conventionnelles, pour en faciliter l’interprétation. On peut désormais également mesurer et déterminer des angles directement à l’écran, ce qui est important en traumatologie par exemple. En tomodensitométrie, il est possible de faire des coupes plus fines, limitant ainsi l’exposition du patient au rayonnement. La numérisation permet par ailleurs de recourir à l’avis d’experts externes dans le cadre d’un traitement. Elle semble également ouvrir des perspectives prometteuses en matière d’intelligence artificielle au service de la médecine, avec entre autres des systèmes d’aide à la décision dans la détection de cellules cancéreuses.